L’allaitement maternel est une pratique universelle qui offre de nombreux avantages pour la santé, tant pour les nourrissons que pour les jeunes mamans. Cependant, des facteurs culturels, sociétaux et économiques influencent cette pratique à travers le monde : le traditionnel se mêle aux nouveaux défis des mères modernes.
Nous allons découvrir dans cet article que l’allaitement maternel présente ainsi une grande diversité de croyances, de coutumes et d’expériences aux quatre coins du globe.
Influences culturelles sur l’allaitement maternel
De nombreuses femmes à travers le monde décident d’allaiter leur bébé. En revanche, cette pratique diffère selon les régions, étant étroitement liée à la culture et les rites locaux.
Certains pays comme l’Inde ou le Vietnam encouragent fortement l’allaitement, soutenant les mères par des politiques publiques favorables et une éducation dite positive. D’autres cultures peuvent avoir des approches différentes, influencées par des facteurs comme les modes de vie, les croyances religieuses, ou les normes sociétales.
L’importance de l’allaitement en Afrique
En Afrique, les taux d’initiation de l’allaitement maternel sont au-dessus de 90% dans tous les pays. Il occupe une place essentielle dans la vie quotidienne des différentes communautés africaines : les jeunes mamans y sont préparées grâce à un ancrage culturel profond. C’est un lien intime et valorisé entre la mère et son enfant, bénéfique pour la santé des nourrissons selon les croyances ancestrales.
Dans de nombreuses cultures africaines, l’allaitement maternel est célébré comme un événement marquant le début de la vie, symbolisant la continuité familiale et communautaire. En plus de ses bienfaits nutritionnels, le lait maternel est considéré comme renforçant le système immunitaire des nourrissons, les protégeant ainsi contre certaines maladies courantes de la petite enfance.
Cependant, le taux d’allaitement maternel exclusif (AME) est particulièrement bas en Afrique de l’Ouest et Centrale. Ce phénomène s’explique notamment par :
- des maternités saturées
- un manque d’informations sur l’importance de l’AME
- le marché du lait industriel
Si les bienfaits de l’allaitement ne sont plus à prouver, l’Afrique doit encore faire face à des enjeux socio-économiques qui freinent l’adoption pérenne de cette pratique dans ses régions.
Allaiter, une pratique ancrée dans le continent asiatique
En Asie, l’allaitement maternel est profondément enraciné dans les cultures et traditions, dépassant son rôle d’alimentation pour les nourrissons. Dans des pays comme l’Inde, la Chine et l’Indonésie, il est vénéré et dispose d’une place importante dans le quotidien des familles.
Une particularité en Asie est la prolongation de l’allaitement maternel au-delà des premiers mois, souvent pendant plusieurs années ! Cette pratique est bénéfique pour la santé de l’enfant, car le lait maternel continue de fournir des nutriments essentiels et un soutien immunitaire pour une croissance et un développement sain.
Les cabines d’allaitement du Japon
Pour les japonais, l’allaitement maternel apparaît comme une évidence. Certaines villes japonaises ont introduit des jyunyuu-shitsu, des espaces privés où les mères peuvent allaiter confortablement et en toute tranquillité lors de leurs sorties publiques. Cette pratique participe à promouvoir l’importance de l’allaitement et témoigne d’une envie pour le Japon de démocratiser cette pratique.
En Indonésie, les coursiers livrent le lait maternel
Cette initiative intéressante soutient les mamans qui souhaitent continuer l’allaitement même après la reprise du travail. Dans ce pays où l’allaitement est largement pratiqué, une entreprise locale, nommée Arga Nirwana Express, a mis en place un service de coursier dédié aux livraisons de lait maternel.
Il permet aux mamans de tirer leur lait au travail. Celui-ci est ensuite confié à un coursier qui se charge de le conserver au frais jusqu’à sa livraison chez la nounou ou la personne chargée de prendre soin du bébé. Objectif : aider les mamans actives à continuer l’allaitement !
Par ailleurs, conformément à un décret ministériel, les entreprises en Indonésie doivent être équipées d’une salle de lactation pour les femmes allaitantes. Cette combinaison d’initiatives publiques et privées favorise le maintien de l’allaitement maternel dans le pays.
L’Amérique face aux enjeux de l’allaitement
Le continent a des attitudes variées envers l’allaitement, qui diffèrent selon les cultures, les politiques sociales et les systèmes de santé. Les pays d’Amérique latine, par exemple, peuvent avoir des taux d’allaitement plus élevés, avec un soutien social et familial important, tandis que les pays d’Amérique du Nord comme les États-Unis et le Canada ont un rapport plus flou avec l’allaitement, influencés par des facteurs économiques et des politiques de travail.
Aux États-Unis, un cadre légal face à une réalité pratique
L’allaitement y est encouragé et promu par les professionnels de la santé et les organismes gouvernementaux à travers des campagnes de sensibilisation sur ses bienfaits pour la santé du nourrisson et de la mère. Le 29 décembre 2022, les États-Unis ont adopté le PUMP for Nursing Mothers Act. En vertu du PUMP Act, la plupart des employées allaitantes ont le droit à des pauses raisonnables et à un endroit, autre qu’une salle de bain, à l’abri des regards et exempte d’intrusion, pour tirer leur lait maternel au travail. Ce droit est valable jusqu’à un an après la naissance de l’enfant.
Cependant, malgré ces efforts, les taux d’allaitement maternel aux États-Unis peuvent être considérés comme relativement faibles par rapport à d’autres pays développés. De nombreuses femmes rencontrent des défis liés à l’allaitement, tels que le manque de soutien adéquat après l’accouchement, les contraintes liées au travail et la stigmatisation sociale entourant l’allaitement en public. Certaines femmes optent également pour l’alimentation infantile au biberon pour des raisons personnelles ou de commodité.
Le Canada, un environnement propice à l’allaitement
Le fait de nourrir son bébé avec le lait maternel est aussi promu par les professionnels de la santé et les organisations de santé publique du Canada. Il affiche généralement des taux d’allaitement maternel plus élevés que les États-Unis, et les mères canadiennes sont souvent soutenues et encouragées à allaiter leurs enfants. Des politiques de soutien à l’allaitement sont mises en place dans quelques provinces pour protéger les droits des femmes qui allaitent :
- congés maternité plus longs
- pauses dédiées au tire-allaitement au travail
L’Europe initie de plus en plus l’allaitement
En Europe, l’allaitement maternel est largement accepté et soutenu dans l’ensemble du continent. Les pays européens valorisent les bienfaits nutritionnels et émotionnels du lait maternel pour les nourrissons, ainsi que les avantages pour la santé des mères qui allaitent.
Mais malgré ces efforts, certains pays enregistrent encore des taux d’allaitement maternel très bas : le taux d’allaitement maternel des enfants d’1 an est le plus faible au Royaume-Uni (0,5 %), en Irlande (2 %) et au Danemark (3 %), de l’Espagne (23 %) ou de l’Allemagne (23 %). En France, ce pourcentage n’est que de 9 % et une précédente étude, parue en septembre 2015, le situait même autour de 5 %.
Les pays scandinaves, leaders dans la promotion de la lactation maternelle
Ils considèrent l’allaitement comme une pratique essentielle pour le bien-être des bébés et des jeunes enfants. Les mères scandinaves sont encouragées et soutenues tout au long de leur parcours d’allaitement. Des programmes éducatifs, des services et des groupes de soutien communautaires sont disponibles pour les mères, leur fournissant les informations nécessaires et les compétences pour réussir leur expérience d’allaitement.
- Finlande : presque toutes les mères allaitent à la naissance, environ 60% continuent de donner du lait maternel à leurs enfants à l’âge de 6 mois.
- Suède : le taux d’allaitement à 6 mois est d’approximativement 72%.
- Norvège : 98% des mères qui accouchent initient l’allaitement dès la maternité et sont près de 96% à nourrir leur enfant au sein à l’âge d’un mois. Elles sont encore aux alentours de 50% à allaiter exclusivement à 4 mois et près de 20% à 6 mois, ce qui montre une acceptation positive de cette pratique.
En outre, il est intéressant de noter que dans ces pays, les marques de lait en poudre sont peu courantes, et les supermarchés proposent un nombre limité de produits dans cette catégorie. De plus, il n’y a aucune publicité pour les laits maternisés, ce qui peut contribuer à promouvoir l’allaitement maternel comme une option privilégiée pour nourrir les nourrissons.
Le Royaume-Uni et la France ont également pris des mesures sur l’allaitement
Ils souhaitent protéger les droits des mères qui allaitent. Ils ont tous deux mis en place des législations pour soutenir et encourager l’allaitement maternel. Ces lois garantissent le droit des femmes d’allaiter en public sans discrimination et protègent les mères allaitantes contre toute forme de harcèlement ou de préjudice.
En plus de promouvoir l’allaitement maternel, le Royaume-Uni et la France soutiennent la recherche et les initiatives visant à améliorer la santé et la nutrition des nourrissons et des jeunes enfants. Ils travaillent en collaboration avec des organisations internationales telles que l’OMS (Organisation mondiale de la santé) pour partager les meilleures pratiques et les dernières informations en matière d’allaitement.
En promouvant l’allaitement maternel, le Royaume-Uni et la France s’efforcent de créer des sociétés plus accueillantes et solidaires pour les femmes et les familles.
Cependant, l’allaitement en France reste faible
En effet, malgré les avantages et les recommandations de l’OMS en faveur de l’allaitement maternel exclusif jusqu’à 6 mois et en complément jusqu’à 2 ans voire au-delà, le taux d’allaitement maternel en France demeure parmi les plus bas en Europe. Il provient d’un héritage culturel et sociétal propre à la France.
Cette situation soulève plusieurs défis et interrogations quant à la promotion et au soutien de l’allaitement maternel en France. À 6 mois, seulement un enfant sur quatre est encore allaité comme le préconise l’OMS, et plus de la moitié d’entre eux reçoivent des préparations pour nourrissons en complément.
De plus, le sevrage précoce observé en France est souvent lié à la reprise du travail de la jeune maman. En effet, les conditions de travail et le manque de structures de soutien pour les mères qui souhaitent continuer à allaiter après la reprise de leur activité professionnelle peuvent être des obstacles importants. En France, le délai de congé maternité est de 16 semaines pour les deux premiers enfants et 26 semaines à partir du troisième enfant.
Cette réalité conduit fréquemment les femmes à cesser l’allaitement plus tôt que prévu. Pour remédier à cette situation, des solutions existent, comme Pachamama, pour permettre aux mères de continuer à tirer leur lait au travail à leur retour de congé maternité.
L’Irlande et les tabous
Le taux d’allaitement en Irlande est l’un des plus bas au monde, avec moins d’une femme sur trois choisissant d’allaiter son enfant à la sortie de la maternité. Cette situation est en partie attribuée à des croyances et stéréotypes profondément ancrés dans l’histoire du pays, remontant au XIXe siècle.
À cette époque, l’Irlande faisait face à une période de grande famine et pauvreté, au cours de laquelle des millions d’Irlandais ont souffert de la faim et de la misère. En conséquence, l’allaitement maternel était souvent associé à la pauvreté, et les mères qui choisissaient d’allaiter étaient parfois stigmatisées.
En conclusion, l’allaitement maternel est une pratique universelle qui offre d’innombrables avantages pour les nourrissons et les mères. Les coutumes et croyances varient selon les régions, mais il est essentiel de soutenir et de respecter le choix des mères et de les soutenir dans leur décision.